Le livre de Baruch est un des livres deutérocanoniques absents de la Bible hébraïque. Baruch était scribe de profession, un des nobles (Jr 51, 59 ; 32, 12) gagnés aux idées de Jérémie. Intimement liés dans leur destin prophétique, il lui resta fidèle à travers ses épreuves. Dépositaire de la parole prophétique, lui-même n’est pas prophète. L’écrivain inspiré diffère du prophète en ce qu’il n’est pas nécessairement le premier à recevoir communication du message divin qu’il doit consigner par écrit. Il est inspiré pour fixer le message révélé à un autre. En fidèle scribe, Baruch écrit (1, 1) sous la dictée de Jérémie certaines révélations dont il conserve et proclame la teneur. (Jr 36,26.32).
La prédication de Jérémie contre le Temple, aux portes mêmes du sanctuaire, représente sans doute l’événement majeur de la carrière du prophète (Jr 36). L’émeute populaire qu’il provoqua l’obligea à fuir et à se cacher (7, 1-15 ; 26, 8-9). Jérémie y soulignait les deux aspects fondamentaux de la Loi du Décalogue : l’aspect vertical, la fidélité à Yahvé et l’aspect horizontal, la pratique de la justice. Ces deux conditions nécessaires pour que tienne l’alliance n’étant pas réalisées, Yahvé ne se sent plus lié à demeurer dans le Temple, signe de sa présence au milieu du peuple. C’est ainsi qu’en 604, Jérémie envoya son secrétaire Baruch au Temple, à l’occasion d’une liturgie pénitentielle, pour y lire le rouleau où se trouvaient consignés les avertissements donnés par Jérémie depuis le début de sa mission (Jér 36). Le roi Joiaquim jeta le rouleau au feu, mais Jérémie en fit une nouvelle édition. Lorsque après la ruine de Jérusalem et le meurtre du gouverneur Godolias, le vieux prophète fut entraîné en Egypte par les Juifs fanatiques, Baruch le suivit.
Recueillant les oracles de Jérémie, il les lisait publiquement au péril de sa vie. On le considère comme le biographe du prophète (les chapitres 26 à 35 et 36 à 45 de Jérémie lui sont attribués).
Contenu du Livre de Baruch
Le livre de Baruch nous introduit dans les communautés de la Dispersion et nous montre comment la vie religieuse y est maintenue. Il est important pour ces communautés exilées de perpétuer le culte rendu au temple de Jérusalem, spécialement les assemblées liturgiques où sont prononcées des prières de confession, de supplication et d’espérance. Dans ce contexte, Baruch écrit prières et poèmes destinés à être lus à Babylone, dans la liturgie. Le livre commence par une confession collective des péchés, où le Seigneur est interpellé à la troisième personne (1, 15 – 2, 10), suivie d’une supplication (2, 11-3,8). Dans celle-ci, le peuple s’adresse directement au Seigneur: nous n’avons pas écouté Moïse, les Prophètes…et maintenant, Seigneur, écoute, tends l’oreille (2, 11). Baruch ne manque pas d’humour: nous n’avons pas écouté…mais toi, Seigneur, écoute ! Au nom du peuple, il fait appel à toute l’indulgence et l’immense tendresse de Dieu (2, 27). Il est son Dieu, l’Unique. Quand le peuple reconnaîtra s’être détourné de lui, le Seigneur se laissera fléchir et lui rendra toutes ses prérogatives : être le bien-aimé en relation d’alliance avec Son Seigneur (2,34-35).
Suit une exhortation du prophète au peuple qui a abandonné la Sagesse, c.-à-d. la connaissance de la Loi, le chemin de vie avec le Seigneur. En elle se trouvent paix pour toujours (3,13), lumière des yeux, longueur des jours (3, 14). Cette Sagesse est apparue sur terre, elle a conversé chez les hommes (3,38) Aussi Jacob (Israël) est-il invité à la saisir, à marcher vers sa splendeur et sa lumière. Son bonheur (4,2-4) réside dans son intimité avec le Seigneur qui lui révèle le chemin pour le connaître. Les versets 3, 36-38 sont considérés comme une prophétie messianique. La suprême Sagesse se manifestera dans le Messie.
Le prophète termine par un appel à la confiance : Courage, criez vers Dieu (4,21.27), il vous sauvera en vous rendant la joie (4,29.36). Baruch – le Béni – porte un nom d’espérance. Les versets 4,30 à 5,9 sont, en espérance, une vraie bénédiction de Dieu. Celui-ci consolera son peuple exilé en lui rendant toute sa beauté de fils bien-aimé. Revêtu de la beauté de la Gloire de Dieu (5,1.9), il cheminera en sécurité, dans la justice et la miséricorde (5,7.9).
Une fois de plus le rêve de Dieu se réalise : une alliance est offerte à Israël, pour toujours.
Le chapitre 6, appelé Lettre de Jérémie, est un ajout au Livre de Baruch. Elle contient une mise en garde contre le péril de l’idolâtrie qui guettait les Juifs vaincus, emmenés par Nabuchodonosor à Babylone. Jérémie tente de prouver la vanité des dieux babyloniens parmi lesquels le peuple va vivre de longues années ; il les presse de continuer à adorer le Seigneur car son ange est avec vous ; c’est lui qui prendra soin de vos vies (6, 6).
L’espérance de Jérémie et de Baruch se fonde sur l’amour toujours offert du Seigneur de l’alliance.