Le bienheureux Babylas succéda à Zébinos sur le siège épiscopal d'Antioche (vers 237) et gouverna en toute sagesse cette métropole de la Syrie pendant plusieurs années. L'empereur de ce temps, homme cruel et inhumain, qui, entre autres forfaits, avait sacrifié aux idoles le fils du roi de Perse qui lui avait été remis en gage de paix, avait également décidé de s'en prendre aux Chrétiens et de souiller leurs églises. Lors d'un séjour à Antioche, il voulut entrer dans la cathédrale au moment de la Vigile de Pâques. Saint Babylas, qui avait déjà commencé la Célébration et était revêtu de ses Ornements Episcopaux, se précipita alors, rempli d'un zèle divin, et, écartant les gardes du corps, il se plaça devant le souverain, la main tendue vers sa poitrine, pour l'empêcher de pénétrer dans le Temple de Dieu. Surpris et craignant de susciter une révolte des Chrétiens rassemblés là en grand nombre, l'empereur ne dit rien et fit demi-tour. Mais dès le lendemain, des soldats vinrent arrêter l'Evêque pour le conduire au tribunal. Ni les flatteries ni les menaces ne purent ébranler la foi de Babylas. Comme l'interrogatoire tournait à l'avantage des Chrétiens et montrait qu'avec le Christ, ils ont vaincu le monde, le tyran fit charger le Saint Evêque de lourdes chaînes au cou et aux pieds et le fit promener ainsi dans toute la ville, espérant le couvrir de honte devant le peuple. Mais, gardant toute sa dignité, Saint Babylas s'adressa à l'empereur en disant: « Ces liens que tu crois être ma honte sont pour moi un ornement plus éclatant que ta robe de pourpre et ton diadème! »
Saint Babylas avait pour disciples trois jeunes frères: Urbain, Prilidien et Épolonios qui, par attachement à leur père en Christ, l'avaient suivi jusque dans sa prison. On les fit comparaître eux aussi devant l'empereur et on tenta de leur faire renier le Christ. Mais ces enfants par l'âge étaient de véritables vieillards par la sagesse, et ils ridiculisèrent le tyran et ses vains pouvoirs. Leur mère fut amenée au tribunal, où elle montra la même fermeté. L'empereur Ia fit frapper au visage et ordonna d'infliger à chacun des trois frères autant de coups de verges que le nombre respectif de leurs années. Ayant introduit de nouveau Babylas dans le prétoire, il tenta de lui faire croire que ses disciples avaient renié et étaient prêts à sacrifier aux idoles. Mais l'Evêque, sûr de leur foi, convainquit le souverain de mensonge. Cette dernière audace eut pour effet de déclencher la fureur de l'impuissant monarque, qui ordonna de trancher la tête du Saint Evêque et de ses disciples, leur offrant ainsi un chemin plus rapide vers la patrie céleste.
Saint Babylas fut enterré à Antioche et devint le principal protecteur de la cité. Environ un siècle plus tard, le césar Gallus fit transporter ses Reliques au bourg de Daphni, où il fit édifier une église en son honneur, non loin d'un temple fameux dédié à Apollon. Lorsque Julien l'Apostat (361-363) entreprit de rétablir le paganisme, avec pour haut lieu le temple d'Apollon de Daphni, il constata que, malgré les nombreux sacrifices, l'oracle restait muet. Il donna alors l'ordre d'enlever la châsse où reposait Saint Babylas, considéré comme responsable de ce mutisme des idoles. Placé sur un char et escorté par le peuple, au milieu du chant des Psaumes, on replaça le corps du Saint en ville, dans sa sépulture primitive. Mais la nuit suivante un terrible orage manifestant la colère divine, réduisit en cendres l'idole d'Apollon et détruisit de fond en comble le temple de Daphni. L'Apostat furieux donna alors l'ordre de fermer la grande église d'Antioche et de soumettre les Chrétiens à la torture. Cependant il n'osa porter atteinte aux Reliques du Saint Evêque qui, après la mort, continuait de veiller sur son troupeau spirituel.